14/07/2015

Message au survivaliste débutant par Andros





 Pour beaucoup de ses pratiquants, le survivalisme est un hobby, un challenge intellectuel ou personnel. C'est pourquoi le débutant s'aventurant sur Internet va rapidement se trouver confronté à des exigences impossibles, pour pouvoir faire face à des scénarios relativement improbables.

Tout comme dans le règne animal il y a une myriade de stratégies de survie, le survivaliste débutant doit se rendre compte qu'il n'y a pas de normes ni de standard auxquelles il doit se conformer. Cet post s'adresse au survivaliste débutant pour lui donner un point de départ adapté à sa situation.

1. Vous êtes dans une phase transitoire.

Quelles que soient les raisons qui vous ont amenées à vous intéresser au survivalisme, il y a fort à parier qu'il y a à l'origine un ressenti intense : un voile s'est déchiré quand à la nature de la société, des illusions se sont effondrées, une détresse matérielle ou psychologique a surgi de manière inattendue .
Se tourner vers le survivalisme est une manière de répondre à ce ressenti intense, dans le but de reprendre le contrôle sur soi voire sur sa vie. Il ne faut pas sous-estimer les aspects psychologiques, car si on n'y prend pas garde, on se retrouvera à avoir gâché des ressources dans toutes sortes d'activités vaines, ce qui peut tout à fait accentuer la détresse ou le sentiment d'échec.

Dans ce que j'ai pu constater, le survivalisme vise à réparer une inadéquation entre soi et le monde matériel : « je n'ai pas assez de choses » ou bien « je suis trop vulnérable » (également : « trop pauvre », « trop faible », « trop naïf »).

Une partie de la solution que vous cherchez à votre ressenti va se baser sur le monde physique : acheter des choses, se fortifier physiquement etc. C'est quelque chose qui est tout à fait normal car nous avons besoin du monde physique pour survivre : nourriture, abri, hygiène, médecine etc. De plus, plusieurs agences de Protection Civile en Europe recommandent d'avoir au moins deux semaines de nourriture et d'eau chez soi, ainsi qu'un certain nombre d'objets, c'est donc une chose tout à fait sensée.

Mais au-delà des deux semaines, combien faut-il avoir ? C'est la question centrale du survivalisme. La réponse est très simple : jusqu'à que vous considériez que vous en avez assez. Le terme « en avoir assez » est ambigu : on en a suffisamment, ou bien on en a marre. Le franchissement de l'un ou l'autre de ces seuils est en fait la réponse à la question.

Or ce qu'on considère être suffisant varie non seulement d'une personne à l'autre, mais de l'état dans laquelle cette personne se trouve. Au début, dans un réflexe d'urgence, on a tendance à en faire trop, ce qui nous prive de ressources parfois précieuses pour la suite.

Le fait d'accumuler, mettons des vivres et du combustible, procure un certain plaisir au survivaliste débutant, c'est tout à fait naturel. Cette satisfaction diminue par la répétition et l'accumulation. Avec le temps, on se rend compte des effets induits : on n'a plus de place, on a trop achetés de certaines choses et pas assez des autres, les produits sont périmés (pour beaucoup ce n'est pas grave, mais après dix ans de péremption on voit bien que tout cet argent dépensé ne vaut plus grand-chose).

C'est pourquoi il faut prendre conscience de ce phénomène et se restreindre à une planification rigoureuse.

2. Vous êtes déjà maintenant bien préparé

Le survivalisme est apparu à l'époque où les gouvernements ont cessé d'aider les gens à se préparer à grande échelle. La lecture des instructions de l'époque est une étape indispensable, par exemple le livret «  Protect ans Survive » des années 1970, que l'on peut trouver sur ce site : http://www.atomica.co.uk/

On peut constater que l'on a besoin de peu d'objets pour survivre et que ces objets font déjà partie de l'équipement du ménage. Dans le cas contraire, ils ne coûtent pas cher à acquérir. Ils sont également très simples à utiliser et à entretenir.

D'une certaine manière, on peut considérer que le survivaliste (débutant ou non) peut tout à fait se satisfaire de cette liste, et qu'il est donc déjà prêt, à part peut-être l'un ou l'autre objet qu'il pourra acheter à son supermarché habituel.

Vous avez déjà beaucoup de choses chez vous : faites des listes sur un tableur (Excel, Open Office...) des choses que vous avez déjà, notamment dans la cave ou le grenier. Faites une liste de la nourriture déjà disponible chez vous, quelle que soit sa forme, avec le décompte calorique des aliments. Vous avez certainement au moins une semaine de calories déjà disponible immédiatement, et ce qu'il vous reste à acheter pour en venir à deux semaines est peu onéreux.

Cette première étape est nécessaire : vous avez de quoi survivre deux semaines entières. Si l'on ignore les scénarios apocalyptiques, vous avez largement de quoi surmonter le genre de crise qui ont déjà eu lieu ces dernières années : coupure de courant prolongée, perturbation prolongée des transports et de l'approvisionnement, épidémie paralysant le pays, ainsi de suite.

3. SHTF Vs Collapse

Aux États-Unis, on utilise volontiers l'acronyme SHTF ( « Shit Hits The Fan » ) pour désigner le Grande Crise contre laquelle il faut se préparer. Cet acronyme est souvent utilisé pour dire : « lorsque le SHTF sera là, on verra bien que j'avais raison. »

Le problème est que ce terme est volontairement imprécis : on est en fait dans le domaine du fantasme. Il s'agit d'un événement spectaculaire d'une magnitude telle que le fonctionnement non seulement des services et des l'économie, mais de la société toute entière s'effondre.

Dans l'expérience que j'ai pu faire de la perception du SHTF, il s'agit en fait de qualifier le moment précis où l'effondrement continuel de notre économie ou de notre société fait que le système cesse de fonctionner. C'est une approche mécaniste de la société : la société est une machine, et lorsque des pièces sont trop usées, absentes ou mal conçues, à un moment précis elle ne fonctionne plus voire se disloque.

Le SHTF est une spéculation sur l'avenir, de la part de gens qui ont constaté l'existence d'une détérioration de leur environnement social, économique, politique, culturel ou autre. Le survivaliste débutant , voulant se préparer à un avenir qu'il estime funeste, va donc concentrer ses efforts sur cette hypothèse. Comme il vient de subir un ressenti intense, d'après ce que nous avons présenté au début, il se dit qu'il y aura d'autres épisodes de ce type dans sa vie et il compte bien « mieux » les surmonter.

On voit donc quel piège attend le survivaliste débutant ici : tous ses efforts ne tendraient qu'à éviter la reproduction d'un traumatisme passé, au risque de passer à côté de nouvelles menaces.

Ce n'est pas pour dire que ce ressenti est infondé, c'est d'ailleurs vraisemblablement ce qui vous a poussé à vous préparer. Il y a véritablement une détérioration de notre environnement et la société fonctionne moins bien.

Quelles sont les raisons de cette détérioration et quelles sont les réponses à y apporter sont des aspects importants mais qui sortent du cadre de cet article.

4. Self-sufficiency, le cousin du survivalisme

On peut considérer que le survivaliste a renoncé à croire à une réponse de nature politique à la détérioration qu'il constate, puisqu'il préfère consacrer ses efforts à sa survie personnelle et le cas échéant à celle de sa famille.

C'est un autre écueil qui attend le survivaliste ici : le fantasme de pouvoir survivre sans la société environnante. Dans les scénarios les plus élaborés, il s'agit de se relocaliser dans un environnement rural, de cultiver sa terre, d'avoir une source d'eau propre et une source d’énergie électrique autonome.

La aussi il s'agit de l'aboutissement extrême d'une logique évidente : il est préférable de réduire sa dépendance à un système qui s'effondre ou qui est de plus en plus toxique. Mais il y a une différence de taille entre la réduction de cette dépendance et sa suppression.

Les solutions permettant un affranchissement complet sont coûteuses et contraignantes. Trois quarts des Français vivent en ville, et celui qui vient de devenir survivaliste ou autonome ne peut souvent pas se permettre de chambouler sa vie et celle de sa famille pour un idéal extrême.

Il s'agit donc ici de se confronter à la dure réalité de chaque situation personnelle, dans laquelle on est toujours dépendant d'une manière ou d'une autre d'un système ne cessant de se détériorer.

5. Adaptation permanente et impermanence

Pour le survivaliste, il s'agit donc de choisir de quelles dépendances vis-à-vis du système il veut s'affranchir et desquelles il choisit de rester dépendant. Il y a une grande variété de solutions possibles, qui ressemble bien logiquement à la grande variété des moyens avec lesquelles les gens gagnent et mènent leur vie.

En quoi le survivalisme se différencierait-il donc du citoyen lambda ?

On pourrait considérer que le survivaliste a réduit son exposition au risque par ses préparatifs, comme la Protection Civile le recommande finalement aux gens de bon sens : c'est la bonne chose à faire.

On peut aussi considérer que le survivalisme a une conscience plus aigüe de son environnement et de la dégradation de celui-ci. Ceci lui donne un avantage voire la capacité d'anticiper. C'est aussi la bonne chose à faire lorsque par exemple il s'agir de faire prospérer les affaires et la famille.

Mais devient-on survivaliste parce qu'on veut gérer sa vie en bon père de famille ? Pas vraiment : l’énergie fiévreuse du survivaliste débutant vient du ressenti intense qui a tout déclenché.

Il s'agit donc pour lui de rester vigilant à l'évolution de son environnement et de sa personnalité propre ainsi que de garder les moyens de réagir efficacement à toute nouvelle crise.


http://www.le-projet-olduvai.com/t9217-message-au-survivaliste-debutant

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