03/01/2013

Dossier BOB par D. Manise


" Pour moi le BOB, c'est un truc un peu particulier..."




Cahier des charges

Avant de choisir du matos, concrètement faut savoir ce qu'on veut en faire, sinon c'est complètement débile. Donc j'ai commencé, pour mon BOB, par établir un cahier des charges clair.

Mon BOB doit me servir à :
  • pouvoir quitter mon domicile n'importe quand, y compris au milieu de la nuit, en moins de 30 minutes (j'inclus donc la possibilité d'une préparation minimale, mais courte, au départ...) ;
  • rejoindre, en conditions dégradées -- et éventuellement à pied --, mon point de chute qui se trouve à 100km d'ici, et où se trouve du matériel complémentaire ;
  • survivre sur le terrain pendant le trajet (jusqu'à 5-7 jours si marche) et une fois sur place (en complément du matériel stocké au point de chute, et pour une période indéfinie... même si je pars sur une hypothèse d'un an)
  • reconstruire une vie normale après (preuves d'identité, de propriété, de citoyenneté, etc.)

Le BOB, en clair, n'est que le trait d'union entre mon domicile et le point de chute. Il n'a pas vocation à me maintenir en vie sur le long terme... et la mobilité prime sur le confort... Cela dit, en conditions dégradées, on sait quand on part mais on ne sait pas quand/si on arrive, donc le matériel du BOB a malgré tout été choisi pour sa robustesse, sa rusticité et sa polyvalence.

Corin, Shaman chez moi, a pondu une P.E.R.L.E. pour les choix matériels.

Je le cite :

Polyvalence : 
s’entend comme le fait qu’un même objet réponde à plusieurs besoins, sert à réaliser plusieurs tâches ou convient dans plusieurs types de situation (conditions météo, milieux différents,…).

Répondre à ces questions élimine les objets qui ne servent qu’à une tâche ou action. 
Ça guide le choix d’un couteau (on peut couper avec, le bâtonner, pouvoir taper l’arrière du manche, s’en servir comme pied debiche ou éventuellement s’en servir de marteau).
 Ça explique pourquoi je ne me sers jamais de mon Griptilian en extérieur (pas assez polyvalent).

C’est moins évident pour le choix d’un sac de couchage (mais là ce sont les conditions d’utilisation qui permettent de juger : le synthétique supporte l’humidité, le duvet est souvent
plus efficace pour un même poids) d’un sac à dos (un dos mousse qui peut servir d'attelle ou un format adaptable à différentes activités).


Efficacité :  
qui fait bien son office et qui est facile à mettre en œuvre. On peut aussi apprécier l’autonomie du fonctionnement.
Il s’agit de vérifier que l’on a bien là l’objet qui répond le mieux à notre besoin. Il s’agit de virer tous les gadgets qui font plein de chose mais mal ainsi que tous ces objets qui sont des usines à gaz à mettre en œuvre. L’aspect mise en œuvre est à regarder de près, c’était le point de discussion entre feu de bois, réchaud à bois ou réchaud à gaz.


Rusticité :  
qui est solide et facilement réparable. J’y mettais aussi la simplicité du mécanisme, si besoin. Là,il s’agit d’évacuer tout ce qui est fragile et tout ce qui est complexe à entretenir ou réparer.


Légèreté : 
 il s’agit d’un critère que chacun apprécie selon sa morphologie et qui permet de manière sous-jacente d’apprécier les dimensions de l’objet. Sachant que l’on ne garde pas longtemps sur soi un objet trop lourd ou trop grand.


Economie :
il s’agit de ne pas avoir de frein à l’usage de l’objet. En effet,hésiter à emmener un objet adapté parce qu’on l’a payé trop cher, c’est prendre le risque qu’il nous manque cruellement.

Donc, c’estconnaître le prix psychologique en dessous duquel j’accepte d’abîmer voire d’abandonner l’objet. En tout cas, le prix qui n’amène aucune restriction à un usage intensif.

Pour l’exemple, je reprends mon Griptilian : en bord de mer, j’ai ouvert une huître, ça a fait une
petite entaille au fil. Désormais, j’hésite à m’en servir dans pas mal d’occasion. J’ai eu à virer un petit fil métallique, genre grosse agrafe. J’ai préféré prendre un couteau suisse. Donc, mon prix psychologique, pour un pliant, est sans doute celui d’un SAK. Pour un fixe, manifestement, je n’ai aucune hésitation à utiliser mon F1. Donc mon prix psychologique serait différent.

Principes gouvernant les choix de matériel

Pour choisir le matos, ben je suis reparti des fondamentaux, à savoir ma version de la règles des trois, et les 4 outils de base pour survivre...

  Ça donne ceci :

On survit :

- 3 secondes avec la connerie (ou sans vigilance) ;
- 3 minutes sans 02 dans les centres vitaux ;
- 3 heures sans réguler sa température ;
- 3 jours sans boire ;
- 3 semaines sans manger ;
- 3 mois sans contact social ;
- 3 ans avec un boulot de merde

Pour survivre, on a 4 facultés de base, 4 fonctions fondamentales sans lesquelles on est mal barrés : CVMD.

- Conscience ;
- Vision ;
- Mobilité ;
- Dextérité manuelle...

Il faut donc veiller à préserver chacun des points de la règle des trois, et ces 4 facultés là... et oui il y a redondance entre le premier point des deux. C'est pour en souligner l'importance.

Le matos sert de complément au savoir-faire et à l'état d'esprit pour arriver à préserver tout ça, sans plus. Le matos seul ne sert strictement à rien !

Notion de strates et de modules

Tout mon matos est organisé en strates (plus je trimballe de strates, plus j'ai de confort mais moins je suis mobile) :

  • Strate 0 : EDC (contient toutes mes données perso scannées et encryptées sur clé USB)
  • Strate 1 : Kit de survie + vêtements adaptés au climat
  • Strate 2 : Bivouac + Bouffe
  • Strate 3 : Hygiène, vêtements de rechange, plus de bouffe, consommables (piles, cartouche gaz, etc.)
  • Strate 4 : Véhicule (contenant du matos, pièces de rechange, etc.)
  • Strate 5 : Immobilier ! (domicile ou point de chute, contenant aussi du matos pour le long terme)

Dans ce dossier, je parlerai des strates 1, 2 et 3. J'ai déjà couvert mon EDC, strate 0, ici.

Chaque strate est organisée plus ou moins formellement en modules, pensés en fonction des tâches courantes. Exemple un module "bivouac", un module "eau", un module "hygiène"...

Le matériel choisi

Pics (Moniteur du CEETS) et moi avons pondu un article sur "comment faire son sac avec la règle des trois" qui paraîtra dans le prochain numéro de Carcajou... je ne veux pas dévoiler tout le contenu de l'article, mais je vous file tout de même la photo que j'ai faite cet aprème pour l'illustrer... c'est, grosso merdo, 99% du matos de mes strates 1, 2 et 3 qui sont là sous vos yeux... moins tout ce qui est hors charte, bien entendu


Contraintes liées au stockage

Une des principales différences entre un sac de rando qu'on fait pour partir en weekend et un BOB, c'est que le BOB, par définition, doit être toujours prêt. Ca implique, de fait, que le contenu soit stocké sur une période relativement longue, ce qui soulève quelques problèmes. Les températures de stockage, si on stocke le tout dans une voiture ou un cabanon, ou pire dans une cache, sont aussi à prendre en compte.
  1. la nourriture doit être de longue conservation, emballée dans un packaging robuste. Les lyophilisés répondent (malheureusement) bien à ce cahier des charges. Certains auront remarqué une boîte jaune sur la photo ci-dessus avec RAT.7S dessus. C'est ma version des rations 24h du CEETS (qui sont en développement).
  2. les piles... doivent être des piles au lithium (se stockent bien et longtemps, et fonctionnent même très froides). Mais toutes les frontales n'acceptent pas les piles lithium... !
  3. Les sacs de couchage perdent rapidement de leur pouvoir isolant si on est stocke compressés... donc il faut opter pour un sac à dos beaucoup plus grand, qui permette de stocker le sac de couchage dans un volume compatible avec sa survie et la nôtre, pour le coup... moi qui pars normalement pour qques jours avec un 45 litres, mon BOB est contenu dans un Lowe Alpine de 65...
  4. Tout doit être stable... et stocké à l'abri de l'humidité, de la poussière, des insectes...
Toutes ces contraintes changent radicalement la donne.

Dans les jours qui suivent, je vais reprendre la liste des items contenus dans mon BOB, et brièvement justifier mes choix pour chacun d'eux.
Liste de matériel

Il s'agit ici des strates 1 et 2 mélangées. Bien entendu, la strate 1 est contenue dans une pochette rapidement détachable de l'ensemble, et qui peut être portée seule pour une mobilité maximale... Je peux larguer la strate 2 en quelques secondes.

3 secondes avec la connerie / manque de vigilance


Ce qui influe sur notre niveau de vigilance, c'est quoi :
  • le stress --> pas de matériel spécifique contre ça...
  • la fatigue --> bien dormir est important (matériel de bivouac adapté, camouflage adapté), et quand on ne peut pas, on tire un peu sur la corde avec des molécules comme la caféine, la vitamine C et le nicethamide...
  • l'hypo ou l'hyperthermie --> voir plus loin
  • la déshydratation --> voir plus loin
3 minutes sans 02 dans les centres vitaux
  • pansement compressif de l'armée suisse
  • 2 tampons hygiéniques
  • pinces à clamper
  • beaucoup de connaissances médicales... et beaucoup de prudence.

3 heures sans réguler sa température

De quoi faire du feu 
  • briquet
  • firesteel
  • 3 œufs de Manise
  • bâtonnets de bois gras
Vêtements :
  • buff
  • tour de cou militaire en laine
  • bonnet thinsulate
  • shemagh
  • polaire épaisse à poils longs
  • anorak en gore tex
Multi-usage :
  • Poncho (sert de tapis de sol ou de sursac au bivouac)
  • 1/2 couverture de survie Suisse (kaki, traitée IR)
Bivouac :
  • Arkmat (tapis de sol très mince et très léger, 100% imperméable, de 2m de long, utilisable plié en deux sur 1m par temps froid) ;
  • Carinthia Defense 4 : gros sac de couchage en fibre synthétique de bonne qualité... la fibre synthétique, même si elle est moins compressible et plus lourde à pouvoir isolant égal que la plume, parce qu'elle reste isolante même humide, et qu'elle peut sécher sur le terrain plus facilement que le duvet... L'enveloppe extérieure du defense 4 est par ailleurs très coupe vent et relativement imperméable, ce qui permet une excellente robustesse du système en conditions pourries, sans devoir utiliser de sursac. Le zip central à ouverture rapide permet par ailleurs de s'extraire du sac très rapidement au besoin...
  • X-Tarp : tarp en silnylon de très bonne qualité, extrêmement léger ET robuste, de couleur neutre... les haubans sont pré-installés dessus par mes soins ;

3 jours sans eau

Récolte :
  • mug (très pratique, s'encastre sur la gourde) ;
  • grosse seringue 50ml (pour puiser l'eau dans les micro-flaques, souilles, etc.)... la seringue sert aussi pour irriguer et donc nettoyer une plaie, ou peut servir à des fins médicales tant qu'elle est suffisamment propre... ;
Stockage :
  • outre MSR 6 litres ;
  • gourde rigide Nalgene (1L) ;
  • gourde souple de secours (Source 2L) ;

Traitement :
  • une fiole de micropur forté liquide : bien plus pratique à doser que les pastilles, et contenant plus robuste...
  • un bandana en coton sans trop de teinture pour filtrer, au besoin ;

3 semaines sans manger

Cuisson :
  • réchaud à bois f!re Profi 105mm
  • Gamelle Titane 900ml

Nourriture :
  • RAT.7S (ration d'urgence 48h)- 4-5 lyophilisés
  • fruits séchés
  • bouillons en cube
  • nouilles chinoises (consommables crues ou cuites, très riches)

Récolte de vivres frais (en état de nécessité uniquement, bien sûr) :
  • fil de laiton
  • 5-6 hameçons avec leurres polyvalents pré-montés sur fil

Conscience

(redondant avec 3 secondes, ci-dessus)

Vision


- Adidas elevation pro (lunettes de soleil également protectrices contre les blessures)
- Lampe frontale Petzl Tikka XP² avec piles lithium, et jeu de piles de rechange

Mobilité


Orientation :
  • cartes topo nécessaires
  • boussole
  • GPS

Capacité mécanique :
  • atèle SAM : utile pour stabiliser une cheville voire un genou
  • analgésiques puissants : pour "marcher dessus", si j'ai pas d'autre option, à mes risques et périls (séquelles permanents possibles, il faut le savoir...)

Dextérité manuelle

  • Gants fins isolants : pour éviter les mains trop froides
  • Gants de protection en cuir : pour protéger les mains des blessures

Outils divers

Des choses tellement utiles qu'elles peuvent entrer dans toutes les catégories ci-dessus ou presque :

- un bon couteau à lame fixe (ici un Nessmuk, forgé par Anke, et baptisé le Nessm'ours, par les copains Smile)
- une scie pliante
- de la paracorde
- du duct tape

David Manise

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